Plainte à propos du bâtiment H : l’expression d’un mal plus profond

La rumeur courait depuis au moins une semaine, un citoyen avait déposé une plainte contre la ville de Saurel, dans le cadre du projet de rénovation du bâtiment H (l’héliport), lequel doit abriter le futur restaurant de M. Pascalain Rayneault. En date de ce jour, cest maintenant fait, c’est du moins ce que nous apprend CJSO : Une plainte est en traitement au MAMOT concernant la Ville de Sorel-Tracy. Je n’ai pas vu et lu cette plainte, mais il y a tout lieu de croire que celle-ci serait basée sur l’article 28.1.0.2. de la Loi sur les cités et des villes : « Sauf disposition contraire, il est interdit à toute municipalité d’acquérir ou de construire un bien principalement aux fins de le louer. »

Au-delà de la plainte, celle-ci à coups sûrs, induira des perturbations dans le déroulement harmonieux des choses et donc, des projets en cours et ce, sans ignorer l’impact sur notre image de marque et notre réputation, comme endroit harmonieux où il fait bon faire des affaires. Il ne s’agit pas ici, de tenter d’identifier le (ou la) coupable i.e l’auteur(e) de cette plainte : sur le fond des choses, ce geste n’est qu’une conséquence. Il faut donc se questionner sur le sens profond de cette plainte relié à la rénovation du bâtiment H, un projet qui induit beaucoup de mécontentement hors des murs de l’Hôtel de Ville de Saurel et de l’entourage immédiat de notre classe politique. La question qui s’impose est relativement simple : « Comment, Saurelois, Saureloises, par le biais d’un citoyen-plaignant, en sommes-nous arrivés à poser ce genre de geste? » Je vous suggère donc 3 grandes catégories de causes.

1) Absence d’une vision partagée avec la population

Il faut ici, immédiatement retourner aux fondamentaux de ce que sont les dynamiques de changement tant dans les sociétés que les organisations : la vision et son bras opérationnel, la planification, stratégique et tactique.

On ne fera pas beaucoup de théorie sur le sujet (les curieux peuvent consulter ce blogue et surtout, le défunt Saurel dans l’univers), mais l’absence de cet outil de référence, prive nos politiciens locaux d’un formidable moyen de communication, pour consolider et appuyer leur décision.

Vu de l’extérieur, pour l’observateur, le développement de la ville de Saurel semble anarchique, sans ligne directrice où les décisions sont prises au son ou selon les émotions du moment. Encore une fois, rappelons qu’une condition de succès stipule que la réflexion précède toujours l’action. Le contraire est possible, mais à l’occasion.

Bref, le fait pour la ville de Saurel, de ne jamais avoir partagé avec les citoyens, dans une démarche formelle de consultation et de communication, les grands axes de son développement, induit chez les citoyens, de la résistance. Par exemple: qui avait vu venir la construction d’une salle de 400 places sur le quai 2? C’est dans la nature des choses : l’ignorance est la mère de la résistance. Je me répète : parler n’est pas synonyme de communiquer.

Marcel Robert s’est fait évincer comme maire en novembre 2009, non pas parce qu’il avait un style flamboyant ou de beaux habits. Il a été chassé sans ménagement parce qu’il n’a pas su gérer le changement auprès des citoyens de la ville de Saurel.

2) Le paternalisme politique

Lors de la séance du conseil municipal de la ville de Saurel du 3 avril 2017, nous avons assisté à la quintessence de ce qu’est le paternalisme politique, par le biais assez bizarrement, du plus jeune de nos politiciens locaux, M. Patrick Péloquin. Rappelons que de façon unilatérale, sans consultation, sans discussion et à la surprise générale, la résolution de renommer le quai 2 du nom de Catherine-Legardeur a été adoptée à l’unanimité et même, dans une certaine indifférence par les élus. Ici, est-il utile de le rappeler, en ce qui me concerne, ce n’est pas le choix du nom qui est cause, mais la manière.

Lors de la même séance, nous avons eu droit à la diatribe offusquée du conseiller, M. Yvon Bibeau, sur la capacité du conseil municipal et donc la sienne, a décidé ce qui était bon ou non, pour les citoyens. Si on suit la logique de M. Bibeau, il faut maintenant songer à mettre un terme à la diffusion des séances du conseil sur MAtv, à cesser de rédiger des comptes rendus de séances du conseil et quoi encore, cesser de rendre des comptes à tout un chacun, y incluant et surtout, les citoyens. Souvenons-nous à l’époque des téléphonistes de Bell Canada : « On serais-tu ben sans les clients ».

Il y en aurait long encore à écrire sur ce genre de comportement, où se mêle des façons de faire révolues et le syndrome de Stockholm, pour dire que les citoyens de 2017 sont des êtres intelligents qui veulent comprendre. En fait, l’implication citoyenne souhaitée par les politiciens dans le discours, impose une capacité et une volonté d’entretenir des relations adultes avec les hommes et les femmes qui composent la municipalité, sans se sentir systématiquement attaqué ou remis en question dans sa légitimité.

3) Un style de leadership basé sur l’affrontement

On s’attend d’un premier magistrat qui est par définition, le leader d’une communauté, à ce qu’il soit rassembleur de toutes les forces vives de son milieu, surtout ceux et celles qui par leur expérience et leur bonne volonté, peuvent contribuer à l’essor de notre milieu de vie.

On s’attend d’un premier magistrat qu’il soit systématiquement en mode recherche de solution, en équipe, dans une relation gagnant-gagnant, où la volonté d’avoir raison n’a pas sa place dans ses relations avec les citoyens.

On s’attend d’un premier magistrat qu’il trouve un équilibre mature entre l’humilité qui sied à sa fonction et la nécessité qu’il a de se positionner au-dessus de la mêlée, dans ses interactions avec les citoyens.

On s’attend d’un premier magistrat… je vais arrêter ici pour inviter le maire de Saurel, M. Serge Péloquin, à méditer sur ce qui précède.

Conclusion

La séance du conseil municipal de la ville de Saurel du 3 avril 2017 était finalement, dans son déroulement et l’attitude des différents protagonistes, un concentré des 3 causes brièvement décrites précédemment. Celles-ci, entre autres, et en additionnant le facteur humain, ont contribué à ce qu’un citoyen déclenche une plainte, dont les conséquences pourraient aller bien au-delà de la simple rénovation du bâtiment H.

Je dédis ce texte à madame Carole Pettigrew.

Bonne journée!

Jocelyn Daneau, jocelyndaneau@gmail.com

Suggestion de lecture : Festival de gibelotte : l’expression d’un mal plus profond, SDU, 6 février 2016

Une réflexion sur “Plainte à propos du bâtiment H : l’expression d’un mal plus profond

  1. Pour ce qui est du nom du quai #2, nos élus n’ont pas eu a chercher bien loin, simplement copier le nom d’un des traversiers de Sorel-Tracy. La mémoire de Mme Catherine Legardeur traverse le fleuve tous les jours, était-ce nécessaire d’avoir un quai a son nom? Je pense que nous aurions pu certainement commémorer la mémoire de d’autres personnages. Plutôt que d’avoir imposé à la population une idée apportée par quelques conseillers, je crois qu’avoir fait appel aux contribuables pour avoir des suggestions, tel que déjà suggéré par M. Daneau , nous aurait au moins donné l’impression que nos élus sont à l’écoute. Malheureusement, depuis quelques années, la mode dans la région c’est de nous mettre devant les faits accomplis, ex.: le parc éolien, la bâtiment H, etc. D’ailleurs si le bâtiment H n’est pas le bienvenu dans le décor, est-ce que les citoyens seront intéressés à le fréquenter? Est-ce que les restaurateurs environnants vont laisser aller leur clientèle sans se défendre? Sans hôtel sur le site est-ce que le commerce de M. Raynault sera aussi lucratif qu’on le laisse entendre? Pour toutes ces questions,Il y a matière à réflexion. .Fernand Gignac

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